Titre
Satin rouge [enregistrement vidéo] / written and directed by Raja Amari.
Description
1 videocassette (VHS) (91 min.) : sd., col. ; 13 mm.
Notes
VHS /NTSC.
Sommaire
Tunis de nos jours. Lilia est une femme ordinaire, rangée. Elle vit seule avec sa fille Salma. Lilia croit que sa fille lui cache sa relation avec Chokri, un musicien dans un cabaret. C'est le soir, contrairement à ses habitudes de ménagère rangée.Lilia sort pour se produire comme danseuse dans le cabaret.Voilà quelque temps déjà que par ce biais elle s'est introduite dans le même cabaret où travaille comme percussionniste. Par ce biais,. Lilia comptait protéger sa fille d'une 'liaison dangereuse'. Par ce biais elle redécouvrira ses désirs et ses aspirations enfouis sous 20 années de devoirs. Le chemin emprunté de nuit pour rejoindre le cabaret se révélera être celui d'un dépassement. Avec le contact de ce nouveau monde, la vie de Lilia bascule.
 
A Tunisian widow embarks on a journey of self-discovery when she is drawn to the world of cabaret belly dancers.
 
En s'attachant aux corps et à leurs interactions, Raja Amari nous conduit dans les eaux mouvantes de l'ambiguité. Celles-ci nous bercent de leurs ondulations et, par un retrait vite effacé, nous laissent entrevoir, enfouie, un peu de la vérité des hommes et des femmes.De nos jours, à Tunis. Une veuve, mère de famille, se libère des contraintes d'une société conservatrice et s'épanouit dans la découverte du monde de la nuit. Elle dépose son fardeau pour se remettre debout et jouir pleinement de ses mouvements grâce à la danse orientale. Cela se passe en terre arabe. Pourtant, cette donnée qui aurait dû marquer l'histoire de son empreinte, se révèle tout à fait secondaire. Satin rouge ne se fige pas dans un discours démonstratif ou revendicatif. Ce film utilise avant tout le langage du corps. Il met en avant cette chair qu'aucune époque, aucune frontière n'ont réussi à étouffer. Lilia est une femme assujettie. Son mari est mort et elle vit seule avec sa fille dans le respect des traditions. Cette dernière, encore adolescente, a pour amant un musicien plus âgée qu'elle. Un jour, pour en savoir plus sur lui mais aussi par curiosité, Lilia le suit jusque dans un cabaret. Telle Harry Haller, loup des steppes poussant la porte du théâtre magique, elle passe sous l'enseigne clignotant au milieu des étoiles et commence son apprentissage. Le lieu, s'il est source d'inquiétude, n'engendre pas la crainte. Il n'offre aucune révélation. Il sert juste de catalyseur. Grâce à lui, le corps de Lilia, rouillé, réapprend à bouger. Le cabaret réveille l'énergie qui sommeillaient dans la nuit du mariage. C'est d'ailleurs dans l'ancienne chambre maritale que les premiers pas de danse sont esquissés. Sous le regard vide d'une photographie du défunt, Lilia, à la vision de son corps dans le miroir, sort de son inertie. Le reflet initie une prise de conscience. La femme arrête alors ses tâches ménagères et se jette dans un timide déhanchement. Inhabituel, celui-ci ne résulte pas d'un réflexe. Il est acte manqué. D'ailleurs, très rapidement, elle se ravise pour retrouver son rôle de veuve tunisienne. Plus tard, le cabaret prolongera l'impulsion. Sans lui, ce signe d'un désir de libération, d'oubli des contraintes sociales, se serait éteint dans une douce et lente douleur.Les règles confinent Lilia à taire son Moi profond. Ni sa voisine, ni l'oncle venu de la campagne ne sont prêts à la comprendre. Entre les êtres, seules circulent la pudeur des secrets, la retenue de ce qui ne se dit pas. Dans ce monde, tout ne peut être exprimé, car certaines choses ne peuvent être entendues par tous. Les mots deviennent alors secondaires, presque en trop. Ils sont justes là, posés entre les gens, naturellement, comme des oranges dans une coupe à fruits ou le bruit de la mer dans le silence d'une plage. Leur présence ne se discute pas et surtout ne dérange rien. Ils sont inévitables, sans pour autant apporter apporter autre chose qu'eux-mêmes. De fait la vérité des êtres est amenée à s'épancher par une toute autre voie. Elle se livre par le corps et le mouvement, ces instances que la morale et les préjugés essaient de soumettre, en vain. L'un et l'autre ignorent les pressions qui, en permanence, cherchent à les modeler. Ils s'épanouissent à l'extérieur de ce champ social, dans une sphère située bien au dessus de lui. En y pénétrant, par ses visites répétées au cabaret, Lilia réapprend à vivre. Elle déplie ce corps qui se mortifiait et en redécouvre l'usage.Grâce à cette mobilité retrouvée, la mère se souvient qu'elle est aussi et avant tout une femme. Les désirs de son sexe, longtemps repoussés, refluent en elle. Aussi, quand s'offre à elle l'occasion de l'amour et du plaisir charnel, elle ne se met plus en position de refus. Au contraire, elle s'y jette à corps perdu, même si des hésitations la retiennent encore. Elle hésite d'autant plus que ces nouvelles sensations et émotions se cristallisent autour du fiancé de sa fille. Mais le plaisir est trop grand. Lilia transgresse alors le dernier interdit. Elle va, comme on dit, coucher avec lui. Raja Amari, dont c'est là le premier long-métrage, a le talent de rendre ce geste logique. Il devient même équivoque. Est-il simple abandon à la séduction ou, au contraire, acte réfléchi destiné à tester la fidélité du jeune homme envers sa fille? Rien se sera tranché. La perversité même du geste ne sera pas évacué. Pire, elle semble assumé par Lilia.En devenant danseuse de cabaret, cette femme découvre la pleine mesure d'un pouvoir dont les sollicitations des hommes, les regards qu'on lui jette, l'argent gagné en sont les preuves concrètes. Elle agit maintenant avec ce savoir. Aussi lorsque survient le mariage de sa fille et de l'amant commun, la danse qu'elle entame à cette occasion avec ostentation prend un double sens. Elle est symbole d'un affranchissement et oppose son hardiesse à l'engourdissement qui déjà figent les jeunes mariés sur leurs chaises. Elle exprime également une morgue et une duplicité jouées à leurs dépens. Le film invite clairement à cette double lecture qui, à rebours, permet de douter des attitudes de Lilia. Ainsi, en s'attachant aux corps et à leurs interactions, Raja Amari nous conduit dans les eaux mouvantes de l'ambiguité. Parfois sombres et effrayantes, parfois surprenantes et drôles, celles-ci nous bercent de leurs ondulations et, par un retrait vite effacé, nous laissent entrevoir, enfouie, un peu de la vérité des hommes et des femmes.
Production
Sound by Frédéric De Ravignan ; script by Saïda Ben Mahmoud ; original music by Nawfel El Manaa.
 
Hiam Abbass, Hend El Fahem, Maher Kamoun, Monia Hichri, Faouzia Bard, Nadra Lamloum, Abou Moez El Fazaa, Salah Miled.
Notes
Version originale sous-titrée anglais.
 
Arabic with English subtitles.
Liaison
Winner New Directors Showcase Award, best new director, 2002 Seattle International Film Festival.
Notes
Usagers autorisés: étudiants, professeurs et membres du personnel de l'École nationale de théâtre du Canada.
 
Authorized users: students, teachers and staff of the National Theatre School of Canada.
Collaboration
Cote
VHS 769
Exemplaires